C’est l’histoire d’un piano. Il est beau. Il rappelle la beauté de la musique. Des souvenirs d’enfance.
Il ne peut disparaître. Il doit encore servir. Je veux le voir. Dans une salle de musique.
Il faut le transporter. L’emballer. Dans de vieux draps, des couvertures.
Des restes de papier bulle. Des bouts de cartons. Éviter le polystyrène. Il ne conviendra jamais que pour son objet d’origine sur lequel il est parfaitement moulé. Il est si friable, si peu fiable, si intrusif, sous les feuilles, dans les airs, qu’il faudra le prohiber. Il ne mérite que l’incinérateur. Pétrole gaspillé.
C’est l’histoire d’une table de soirées d’été. Elle est encore digne, belle. Mais elle est abandonnée sur le trottoir comme un animal. Elle ne convient plus à cette vie. Mais elle serait encore heureuse sur un toit terrasse, dans un cœur d’ilot, sur un large balcon. Nous avons cela dans le quartier.
C’est l’histoire d’une planche. Elle voudrait encore être utile. Découpée pour devenir meuble.
En attendant, elle se faufile, derrière une porte, au milieu de ses semblables. Parfois planquée derrière un matelas. Matelas qui ne supportera pas des délais de stockage. Pas même dans un local vélo, un parking, une chaufferie ou une cave.
C’est l’histoire d’une palette. Qu’il faudrait stocker avant qu’elle ne puisse devenir jardinière, compost, banc.
C’est l’histoire d’un pépiniériste qui pourrait nous livrer. En herbes aromatiques, cassis, fraisiers que nous pourrions mettre sur nos balcons. Nous pourrions troquer nos graines. Planter, récolter, repiquer.
C’est l’histoire d’un dôme de 11 m par 7 m sur lequel grimpantes pourraient venir nous offrir un peu d’ombrage. Une copropriété pourrait y trouver son bonheur.
C’est l’histoire d’un bel habit. Que je n’ai mis que trop peu mais que j’ai respecté et que je veux transmettre à quelqu’un qui saura en prendre soin. Ou que j’ai tant et tant mis, usé qu’il doit se réincarner.
C’est l’histoire d’un bain de soleil. Qui aurait pu rencontrer un vieux dessus de lit. Pour offrir une belle assise aux premiers rayons de printemps et soirées fraiches d’automne.
C’est l’histoire d’un manque de temps, de règles trop compliquées pour être bien respectées.
Et oui on travaille sur les modèles économiques, les contraintes juridiques, les offres pragmatiques et l’identification du client 😉